Ma relation avec la beauté, en ce qui me concerne, est ambigüe. J'ai appris à me mettre en valeur, mais j'ai plusieurs défauts éparpillés dans le visage et dans le corps. Certaines femmes ont, ou ont eu, des visages sans défauts : Grace Kelly, Grace Jones, Catherine Deneuve, Naomi Campbell, Isabelle Adjani...
Je ne trouve pas que ma beauté physique soit à la hauteur de celle de ces femmes. Par contre, je me suis fait plaisir dans des mises en scènes où j'ai pu tirer le maximum de mes atouts, me donnant parfois l'illusion d'être très belle.
Et je parle ici d'une beauté très éphémère, qui se capture sur film, avec beaucoup de fard, d'experts en maquillage, et d'artifices. Une beauté très fragile, qui ne dure pas. Même pour Catherine Deneuve...
Pour une femme, il reste difficile de ne pas répondre aux stéréotypes qui entourent la beauté féminine. Celles qui les rejettent sont souvent jugées, mises à l'écart. Je l'ai expérimenté lorsque je me suis rasé la tête, passant d'une image de femme romantique à celle d'une rebelle. Ce geste, celui de me raser la tête, après avoir porté des cheveux longs de plus de deux pieds durant 16 ans, a choqué plusieurs personnes de mon entourage. Pourtant, c'était un geste de curiosité, curiosité esthétique, curiosité de caractère : allais-je reculer, allais-je oser ? Durant son exécution, je ressentais une grande fierté d'avoir l'audace de ce changement radical dans mon esthétique corporelle. Je riais intérieurement de la réaction anticipée de certaines personnes plus conservatrices. Et je découvrais une autre moi, que je trouvais aussi belle qu'avec ses longs cheveux. Un visage épuré, où tous les défauts étaient maintenant en évidence, mais où les yeux ressortaient avec beaucoup plus d'intensité. Je me sentais soulagée de perdre enfin cette allure romantique qui convenait tant à l'idée qu'on se fait d'une femme "à sa place". J'osais me départir de ma chevelure, un essentiel pour la femme, aux yeux de tant de gens.
On n'a pas compris pourquoi j'avais posé ce geste pour moi-même. On me demandait si je l'avais fait pour offrir mes cheveux afin de confectionner des perruques pour les personnes atteintes de cancer. On me demandait si c'était que j'avais attrapé des poux. On ne pouvait croire que c'était un geste choisi, une décision esthétique, une simple envie de passer à autre chose. C'était, par ailleurs, un geste que j'avais mûri, pesé et analysé trois ans avant sa réalisation.
Je reste pourtant convaincue que les femmes doivent prendre conscience de l'importance de leur liberté, car, plus les femmes seront libres, plus elles pourront être réellement belles, c'est-à-dire épanouies, confiantes et à l'aise de devenir l'être qu'elles souhaitent exprimer. Certaines femmes aux visages durs, comme Callas, ont pu laisser dans l'Histoire l'empreinte d'une beauté à couper le souffle, malgré des imperfections physiques, grâce à leur caractère, à l'expression de leur pouvoir, de leur art, de leur intelligence.
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