Wednesday 16 November 2011

L'Ecclésiaste - Vanité...

Copié de http://www.levangile.com/Bible-Annotee-Ecclesiaste-1.htm
pour référence future


1 Paroles de l'Ecclésiaste, fils de David et roi de Jérusalem.
2 Vanité des vanités ! dit l'Ecclésiaste ; vanité des vanités ! tout est vanité !
3 Quel profit l'homme retire-t-il de tout le labeur dont il se fatigue sous le soleil ?
4 Une génération s'en va, une génération arrive, mais la terre subsiste toujours.
5 Le soleil se lève, le soleil se couche, et il se hâte vers son lieu, d'où il se lève de nouveau.
6 Le vent souffle vers le sud et tourne au nord ; il tourne, tourne sans cesse, et il recommence ses mêmes circuits.
7 Tous les fleuves vont à la mer, et la mer ne se remplit point ; au lieu où les fleuves se rendent, ils s'y rendent toujours de nouveau.
8 Toutes choses peinent au-delà de ce que l'homme peut dire ; l'œil regarde et n'est jamais rassasié, l'oreille écoute et n'est jamais remplie.
9 Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera : rien de nouveau sous le soleil !
10 Est-il une chose dont on dise : Voici, ceci est nouveau ?... Elle a été il y a longtemps dans les siècles qui nous ont précédés.
11 Point de souvenir des hommes d'autrefois, et de même ceux qui viendront ne demeureront pas dans le souvenir de ceux qui suivront.
12 Moi, l'Ecclésiaste, j'ai été roi sur Israël à Jérusalem,
13 et j'ai appliqué mon cœur à sonder et explorer avec sagesse tout ce qui se fait sous le ciel. C'est là une fâcheuse occupation que Dieu donne aux fils des hommes pour qu'ils s'y lassent.
14 J'ai regardé tous les actes qui se font sous le soleil, et voici, tout est vanité et poursuite du vent.
15 Ce qui est courbé ne peut être redressé, et ce qui fait défaut ne peut être compté.
16 M'entretenant avec mon cœur, je disais : Voici, j'ai acquis une grande, une toujours plus grande sagesse, plus que tous ceux qui ont régné avant moi à Jérusalem, et mon cœur a vu sagesse et science en abondance.
17 Et j'ai appliqué mon cœur à connaître ce qui en est de la sagesse, et à connaître ce qui en est de la folie et de la sottise. J'ai reconnu que, cela aussi, c'est poursuivre le vent ;
18 car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et qui augmente sa science, augmente sa souffrance.




Verset 1

Titre : voir Introduction.
David annonçait la fidélité de Dieu dans la grande assemblée du peuple élu, à Jérusalem (Psaumes 40.10) ; l'Ecclésiaste ne s'adresse à aucun auditoire particulier, mais se représente, réunis autour de lui, les hommes de tous les temps et de tous les pays.

Verset 2

2 à 11
Prologue.
2 et 3
Sujet de l'ouvrage.
Au lieu d'être présenté sous la forme d'une thèse, comme ce serait sans doute le cas si nous avions ici un traité didactique, le sujet est indiqué avec toute la vivacité d'une impulsion personnelle. Une exclamation : Vanité des vanités ! Une question : Quel profit l'homme retire-t-il ?... Tout notre livre est là. Entouré de vanités, l'Ecclésiaste cherche partout un profit, quelque chose de réel à saisir en fait de bonheur.
Vanité des vanités. C'est sous cette forme que l'hébreu exprime le superlatif. Comparez : serviteur des serviteurs (Genèse 9.25) ; saint des saints (Exode 16.33) ; cantique des cantiques, etc.
Vanité (souffle) : chose éphémère, sans consistance, qui n'a que l'apparence (Genèse 4.2).
Tout est vanité. Que tout soit vanité, c'est là la vanité suprême. S'il y avait une seule chose qui ne fût pas vaine, on pourrait prendre son parti de la vanité de tout le reste.

Verset 3

Profit, littéralement : ce qui reste, déduction faite des non-valeurs, des illusions, des déceptions. Montrez-moi un résultat certain et durable du travail de l'homme pendant sa vie, et je rétracte mon affirmation.

Verset 4

4 à 8
A l'appui des versets 2 et 3, l'auteur trace le tableau de l'agitation stérile de toutes choses ici-bas. L'homme est en quelque sorte placé, lui si faible, au milieu d'immenses rouages, qui fonctionnent sans relâche (astres, verset 5 ; air, verset 6 , eau, verset 7), et qui frappent incessamment ses yeux et ses oreilles (verset 8), mais ne le satisfont jamais par la constatation d'un progrès.
Le nom de Dieu est absent de ce morceau : nous avons ici le spectacle que l'univers présente à qui le considère en lui-même, abstraction faite de sa relation avec son Créateur et son Maître. Les générations se succèdent (verset 4), sans qu'un pas semble avoir été fait vers un meilleur état des choses, vers un profit réel, vers un repos, Le psalmiste reçoit de la contemplation de la nature, et en particulier de celle du soleil et de sa course journalière (Psaumes 8.1-3 ; 19.1-6), une impression toute différente, car il croit et il adore sans chercher à comprendre, tandis que l'Ecclésiaste est un sage qui veut arriver à se rendre compte du pourquoi des choses. Au reste, s'il fait ici abstraction de Dieu, il en viendra, en fin de compte, à lui donner la place d'honneur, la place suprême dans ses préoccupations (12.45).
Une génération s'en vaVoilà donc, s'écrie ici Jérôme, la terre, faite pour l'homme, qui subsiste, et l'homme, le seigneur de la terre, qui n'y vit qu'un jour ! Qu'est-ce qui, plus que cela, mérite le nom de vanité ? Cependant l'accent doit être mis ici, non sur la rapide disparition des générations humaines, mais plutôt sur l'absence de progrès dans l'histoire de l'humanité.
Subsiste toujours, la même. S'il y avait un progrès général, on accepterait plus aisément la brièveté de la vie.

Verset 5

Et il se hâte. Voilà l'idée spéciale de ce verset. Le soleil ne se couche pas pour longtemps. Le texte original le présente même comme essoufflé de sa course.

Verset 6

Il tourne, tourne sans cesse. Ici l'idée dominante est l'instabilité des vents, qui contraste avec l'immutabilité des mouvements du soleil.

Verset 7

Ne se remplit point. Pas de résultat ! Voir le phénomène de l'évaporation tel que le décrit Job, Job 36.27-28.

Verset 8

Toutes choses. Les trois exemples qui précèdent ne sont pas les seuls que l'on pourrait citer.
Peinent. La création soupire, et avec elle l'homme, dont les sens sont en quelque sorte condamnés aux travaux forcés à perpétuité.

Verset 9

9 à 11
Pas plus que dans la nature, rien de nouveau dans l'histoire ! Sous des apparences diverses il n'arrive que des choses déjà arrivées. Si, parfois (verset 10), il semble qu'un fait nouveau va se produire, ce n'est, vérification faite, qu'un événement de peu d'importance, qui sera oublié par les générations suivantes, lesquelles ne laisseront à leur tour sur la terre qu'un vague souvenir.
Ce qui a été, dans le monde inanimé.
Ce qui s'est fait, par l'humanité.

Verset 11

Point de souvenir. Si l'on s'imagine parfois assister à quelque chose de nouveau, c'est qu'on a perdu la mémoire des siècles passés, et cet oubli prouve précisément qu'ils n'ont rien amené de marquant. Et, fin du verset, il en sera de même à l'avenir.
Après ce préambule, l'auteur va parler de ses expériences personnelles et raconter comment il est arrivé au résultat qu'il vient d'exposer sommairement. C'est ici que, pour donner plus de poids à ses appréciations, il rappelle le souvenir du plus sage, du plus instruit, du plus riche des hommes. L'auteur évoque en quelque sorte Salomon hors de sa tombe. Nul n'était mieux qualifié pour jouer ce rôle, puisque la vie lui avait donné absolument tout ce qu'elle peut donner.

Verset 12

Premier morceau 1.12 à 2.23
Quatre tentatives infructueuses de trouver le bonheur.
12 à 18
Vanité, de la recherche du vrai bien sur la voie de la sagesse.
Ce verset 12 ne fait pas double emploi avec le titre général de l'ouvrage : l'auteur veut montrer que. même dans les circonstances les plus favorables, on ne peut arriver au bonheur par aucun des moyens qu'il va développer.
J'ai été roi. Ce prétérit indique que c'est ici un Salomon fictif, car le vrai Salomon a régné jusqu'à sa mort. Voir Introduction.
A Jérusalem. Le vrai Salomon n'aurait pas pu se représenter des rois d'Israël ailleurs qu'à Jérusalem et n'aurait par conséquent pas relevé cette circonstance.

Verset 3

A sonder : de manière à comprendre la valeur et le profit réel de l'activité humaine dans tous les domaines où elle s'exerce.
Et explorer. Cet examen a porté sur le plus grand nombre possible de faits.
Avec sagesse, littéralement : au moyen de la sagesse, par un emploi raisonnable du sens moral et de l'entendement.
C'est là une fâcheuse occupation, à cause de l'incertitude des résultats auxquels elle conduit. Le mot que nous rendons ici par occupation et qui signifie tâche fatigante, est propre à l'Ecclésiaste (2.23,26 ; 3.10 ; 4.8 ; 5.2-13 ; 8.16).
Que Dieu donne. Cette occupation, quoique pénible, rentre cependant dans les vues de Dieu.
Pour qu'ils s'y lassent, et que la raison humaine soit amenée à constater son incapacité et son insuffisance.

Verset 14

Quoi qu'il fasse, l'homme s'agite sans arriver à rien de positif et de durable. Partout il y a des déviations, des désordres (verset 15), qu'il peut bien constater, mais non pas vaincre.
Poursuite du vent, et non rongement d'esprit, comme le disaient les anciennes versions. Comparez Osée 12.2. Le mot ainsi rendu (reouth) ne se trouve, en dehors de notre livre, où il se rencontre sept fois, que dans la partie araméenne d'Esdras.

Verset 15

Ce qui est courbé. Non pas ce que Dieu a jugé bon de faire tel, mais ce qui est tel ensuite des perturbations introduites dans le monde par la faute de l'homme.
Ce qui fait défaut ne peut être compté. L'homme a des aspirations, des besoins, mais qui, dans notre état de chute, ne peuvent être satisfaits.

Verset 16

16 à 18
Comme je m'étais livré à la recherche du bonheur sur la voie de la sagesse, l'insuccès de mes efforts a rejailli sur la sagesse, elle-même. Car impossible de dire que je n'en eusse pas assez (verset 16), ou que je l'aie compromise en y mêlant la folie (verset 17). De cela je conclus que la sagesse n'est bonne qu'à attrister par la constatation que tout est vanité, y compris elle-même.
Tous ceux qui ont régné avant moi à Jérusalem. Salomon était le second roi qui régnât à Jérusalem ; mais notre auteur, vivant beaucoup plus tard et ayant présente à la pensée toute la suite de rois issus de David, en place, par un anachronisme voulu sans doute, la mention dans la bouche de son Salomon fictif. (Voir Introduction.)

Deuxième chapitre



1 J'ai dit en mon cœur : Voyons, je veux te faire essayer de la joie. Jouis de ce qui est bon ! Et voilà, cela aussi est vanité.
2 J'ai dit du rire : Folie ! et de la joie : Que produit-elle ?
3 Je résolus en mon cœur de bien traiter mon corps avec du vin, mon cœur toutefois me dirigeant avec sagesse, et [en même temps] de ne pas abandonner la folie, jusqu'à ce que je visse ce qu'il est bon pour les fils des hommes de faire sous le ciel durant les jours qu'ils ont à vivre.
4 J'exécutai de grands travaux ; je me bâtis des maisons, je me plantai des vignes,
5 je me fis des jardins et des parcs ; j'y plantai des arbres fruitiers de toute espèce ;
6 je me construisis des réservoirs pour arroser et faire croître une forêt.
7 J'achetai des serviteurs et des servantes, et j'eus des domestiques nés dans ma maison ; j'eus aussi des troupeaux de gros et de menu bétail, plus que tous ceux qui ont été avant moi à Jérusalem.
8 Je m'amassai de l'argent et de l'or et les trésors des rois et des provinces. Je me procurai des chanteurs et des chanteuses et les délices des fils des hommes ; des princesses en grand nombre.
9 Et je devins grand, toujours plus grand, plus que tous ceux qui ont été avant moi à Jérusalem, ma sagesse me demeurant toujours.
10 Tout ce que mes yeux désiraient, je ne leur en refusai rien ; je ne privai mon cœur d'aucune joie, car mon cœur retirait de la joie de tout mon travail, et c'était la part qui me revenait de tout mon travail.
11 Puis je considérai tous les ouvrages que mes mains avaient faits et la peine que je m'étais donnée en les exécutant ; voici, tout était vanité et poursuite du vent ; nul profit sous le soleil !
12 Et je mis à examiner sagesse, folie et sottise (car que fera celui qui viendra après le roi ? Ce qu'on a fait dès longtemps).
13 Et je vis que la sagesse a sur la sottise le même avantage que la lumière sur les ténèbres.
14 Le sage a ses yeux à la bonne place, et l'insensé marche dans les ténèbres. Mais j'ai reconnu aussi qu'un même sort les atteint tous.
15 Et j'ai dit dans mon cœur : Le sort de l'insensé m'atteindra, moi aussi. Pourquoi alors avoir été si sage ? Et j'ai dit dans mon cœur : Cela aussi est vanité.
16 Car pas plus du sage que de l'insensé il n'y a souvenir éternel ; car, dans la suite des jours, ils seront, l'un comme l'autre, oubliés depuis longtemps. Comment donc le sage meurt-il ainsi que l'insensé ?
17 Aussi j'ai haï la vie, car tout ce qui se fait sous le soleil me devint odieux. Tout est vanité et poursuite du vent.
18 J'ai haï tout le travail dont je me suis fatigué sous le soleil et que je dois laisser à l'homme qui viendra après moi.
19 Et qui sait s'il sera sage ou insensé ? Et il sera maître de tout mon travail, que j'ai accompli avec labeur et sagesse sous le soleil. Cela aussi est vanité.
20 Alors j'en vins à livrer mon cœur au désespoir, à cause de toute la peine que je m'étais donnée sous le soleil.
21 Car voici, un homme a travaillé avec sagesse, intelligence, habileté, et c'est à un homme qui n'a point travaillé qu'il laisse tout pour être sa part. Cela aussi est une vanité et un grand mal.
22 Que retire en effet l'homme de toutes ses peines et de toutes les préoccupations de son cœur, travail pénible sous le soleil ?
23 Tous ses jours ne sont que douleur. Son occupation n'est que chagrin ; la nuit même son cœur est sans repos. Cela aussi est vanité.
24 Ce n'est point un bien qui dépende de l'homme que de manger, de boire et de réjouir son âme du fruit de ses peines. J'ai vu que cela aussi dépend de Dieu.
25 Qui en effet peut manger et qui peut jouir plus que moi ?
26 Car c'est à l'homme qui lui plaît qu'il donne sagesse, connaissance et joie ; mais au pécheur il donne la lâche d'amasser et d'accumuler pour donner à celui qui plaît à Dieu. Cela aussi est vanité et poursuite du vent.




Verset 1

1 et 2
Vanité de la joie.
La philosophie ne produisant qu'amertume et déboires, l'Ecclésiaste a essayé du plaisir et de la jouissance. Vivons donc et jouissons, et laissons là tant de troublantes investigations.
J'ai dit à mon cœur. Je me suis recueilli, et le résultat de mes réflexions a été la résolution de me procurer désormais toutes les jouissances qu'on peut goûter ici-bas.
Je veux te faire essayer... Le cœur n'est-il pas souverain juge en matière de bonheur ?
Et voilà. La réponse ne s'est pas fait longtemps attendre. En deux versets tout est dit. De toutes les vanités, c'est celle de l'épicurisme qui se fait sentir le plus promptement. Aussi va-t-il maintenant, dans la coupe de la pure folie, verser un peu de modération.

Verset 3

3 à 11
Bien vite dégoûté de ce rire insensé et de cette vie de grossiers plaisirs, je me suis dit : Modérons-nous et joignons au soin de notre corps un travail sérieux. C'est un nouvel essai.
Avec du vin. Le vin n'est indiqué ici que comme le symbole d'une vie agréable.
Jusqu'à ce que je visse... C'est un simple essai, et l'Ecclésiaste lui-même semble s'en méfier à l'avance, car c'est là un compromis : il abandonne le terrain des principes.
De grands travaux. Voir 1 Rois 7.1-12 ; 9.15-19 ; 2 Chroniques 8.1-6.
Des vignes. Voir Cantique 8.11, et comparez 1 Chroniques 27.27. Nous ne devons pas nous représenter des vignobles comme les nôtres, mais plutôt des vergers dont les arbres servaient de support à des ceps de vigne. (Félix Bovet,Voyage en Terre-Sainte, 3° édition, page 289, note.)

Verset 5

Des parcs, littéralement : des paradis. Voir Néhémie 2.8 note.

Verset 6

Des réservoirs. Non pas l'étang du roi de Néhémie 2.14, qui, situé près de Siloé, n'aurait pas pu servir pour arroser, mais, d'après la tradition, les trois réservoirs situés dans le voisinage d'Etam (2 Chroniques 11.6), aujourd'hui Artas ou Ortas. Là, non loin de Thékoa et de Bethléem, sur le haut plateau de Juda, se trouvent, à proximité d'une forteresse élevée plus tard, peut-être à l'époque sarrasine, pour les protéger, trois vasques qui font l'admiration de tous les voyageurs. Voir F. Bovet, Voyage en Terre-Sainte, page 284 et suivantes ; J.-Aug. Bost, Souvenirs d'Orient, page 193 et suivantes ; Lucien Gautier, Souvenirs de Terre-Sainte, pages 13 et 14. Le plus grand de ces bassins a 177 mètres de longueur et une profondeur de 15 m, sur une largeur moyenne d'environ 50 m.
Pour arroser. L'aqueduc qui a durant un temps relié ces réservoirs à Jérusalem et dont on voit encore les restes, est l'œuvre de Ponce-Pilate et ne date pas de Salomon, qui, en les creusant, n'avait en vue que l'irrigation de ses parcs. Salomon avait, non loin de Jérusalem, une maison de campagne, nommée Etam, où il se plaisait parce qu'il y avait de fort beaux jardins, de belles fontaines, et que la terre en était extrêmement fertile (Josèphe, Antiquités VII, 2).

Verset 7

Nés dans ma maison, et par là même particulièrement attachés leur maître (Genèse 14.14). Ou bien : augmentation toute gratuite de personnel.
J'eus aussi des troupeaux. Dans 1 Rois 8.63, Salomon offre un sacrifice de 22 000 bœufs et 120 000 moutons. Voir aussi 1 Rois 4.23 : trente bœufs et cent moutons par jour, pour la cuisine du palais.

Verset 8

Argent ..., or, fruit des impôts (1 Rois 10.14), des expéditions maritimes (9.28), des présents (10.10).
Les trésors des rois et des provinces : les choses rares et précieuses que les rois seuls peuvent se procurer et qui proviennent chacune de contrées spéciales.
Des chanteurs et des chanteuses : non pas pour le culte public mais pour la cour et les repas (2 Samuel 19.35 ; Esaïe 5.12 ; Amos 6.5).
Des princesses en grand nombre, littéralement : une princesse et des princesses, une reine et des odalisques (1 Rois 11.1).

Verset 9

Et je devins grand. Voir 1 Rois 10.23.
Ma sagesse me demeurant toujours : ne cessant d'exercer un contrôle sérieux sur moi-même. Voir déjà verset 3.

Verset 10

Il réussissait dans tout ce qu'il entreprenait. Il n'avait pas le désir seulement, l'espérance de jouir : la jouissance lui était accordée, il l'obtenait comme fruit de son travail. C'était là sa part.

Verset 11

Mais une part insuffisante et passagère. Le vide du cœur n'était pas comblé. Expérience d'autant plus concluante que celui qui est sensé l'avoir faite n'a été entravé par rien dans l'exécution de ses projets.

Verset 12

12 à 23
Vanité de l'activité de l'homme.
L'Ecclésiaste répond ici à une objection. Il vient d'avouer que sa royale activité ne l'a pas rendu vraiment heureux. Mais ces travaux grandioses, ces trésors accumulés, ce pouvoir solidement établi, ne sont-ils pas des gages de bonheur pour ses après-venants ? La mort l'arrachera lui-même à tous ses biens, mais ils ne seront pas pour cela perdus. Réponse : Un Salomon peut avoir pour successeur un Roboam, qui compromettra et ruinera tout par sa folie.
Début du verset 12, voir 1.17. Après la triste expérience qu'il vient de faire et qu'il ne servirait de rien de recommencer, car (fin du verset) personne ne pourrait la faire dans des circonstances aussi concluantes que Salomon, l'Ecclésiaste en revient à se demander si la sagesse présente vraiment quelque avantage sur la folie.

Verset 13

Oui, répond-il, car, si je l'avais entièrement sacrifiée, au lieu de lui demeurer attaché au milieu même de mon épicurisme, j'aurais fait absolument fausse route et je me serais perdu (verset 14). La sagesse fait éviter les précipices, même quand on cherche le bonheur dans la joie. Mais elle n'obvie pas à tous les inconvénients, elle n'abolit pas la mort (verset 15), et la gloire qu'elle procure est éphémère (verset 16). De là un dégoût profond de la vie (versets 17 et 18), renforcé par la crainte d'avoir pour héritier un insensé qui sera incapable de conserver seulement ce que vous aurez péniblement créé (verset 19).

Verset 14

Les yeux à la bonne place. Comparez Proverbes 17.24.
L'insensé marche dans les ténèbres. Comparez Proverbes 4.19.

Verset 16

Le sage pourrait se consoler de la mort, qui l'atteindra aussi sûrement que l'insensé, par la pensée que sa mémoire du moins vivra parmi les hommes. Illusion ! Le temps viendra où il sera oublié comme l'insensé, et même oublié depuis longtemps. Par ce dernier trait l'Ecclésiaste insinue que l'oubli ne tarde guère. Il y a sans doute quelques exceptions, mais elles ne se produisent pas pour les sages plus souvent que pour les insensés.

Verset 18

A l'homme qui viendra après moi. Voir 1 Rois 11.9-13.

Verset 19

19 à 23
Et qui sait ...? Si du moins on savait qu'ils seront sages, on se consolerait en se disant que d'autres profiteront de ce qu'on aura laissé. Cette troisième vanité est développée dans les versets 21 à 23. Non seulement le sage meurt comme l'insensé, non seulement sa mémoire périt comme celle du plus insignifiant des hommes, mais ce qu'il a exécuté avec intelligence et peine passe à qui, sans avoir travaillé, va dissiper ! Sagesse, gloire, vertu, vous n'êtes que de vains noms ! Dans l'excès de ses souffrances, Job en est venu à maudire le jour de sa naissance. Il y a ici quelque chose de plus poignant encore et de plus profondément triste. Cet homme qui, doué de sens délicats, a pu jouir de tout ce qu'il y a de plus exquis au monde ; qui, possédant à un haut degré le goût du beau et du grand, s'est entouré de tout ce que la nature et les arts offrent de plus ravissant, a déployé une activité intelligente, a conquis l'admiration des peuples les plus éloignés ; en un mot a réalisé dans sa vie tout ce qui peut paraître l'idéal du bonheur, le voilà qui en est réduit à proclamer le néant de toutes choses ! Cette tristesse n'a rien de commun avec celle de Moïse (Nombres 11.11-15), d'Elie (lRois 19.4), de Jérémie (Jérémie 20.7-18). Nous ne sommes point ici sur le terrain proprement moral. C'est la tristesse selon le monde, toute différente de la tristesse selon Dieu (2Corinthiens 7.10).

Verset 24

2.24 à 3.15
Deuxième morceau
Au lieu de chercher le bonheur et de le poursuivre sur la voie de la sagesse, de la folie, ou de la jouissance accompagnée d'une dévorante activité, attendons-le en repos comme venant de la main de Dieu, et en accommodant à chaque instant notre activité aux indications de la Providence, qui varient d'heure en heure.
Jusqu'ici l'Ecclésiaste a agi comme quelqu'un qui estime que le bonheur dépend de l'homme. Les expériences qu'il vient de raconter lui ont montré que c'est là une erreur.

Verset 25

Tel que nous le rendons, pour rester fidèles au texte reçu, ce verset rappelle la fin du verset 12 et signifie : Mes expériences sont d'autant plus probantes que, s'il y a eu un homme au monde qui ait eu à sa disposition toutes les conditions terrestres de bonheur, c'est moi, Salomon.
Mais plusieurs manuscrits, au lieu de plus que moi (mimmenni) présentent la leçon : si ce n'est par lui (mimmennou), qui est celle qu'ont eue sous les yeux les Septante et le traducteur syriaque. Personne ne peut rien faire sans Dieu. Pour réussir, il ne faut se proposer qu'une chose : suivre les indications divines, sans se faire à soi-même un plan de conduite d'après ses vues propres. Voilà l'idée nouvelle qui s'impose maintenant à l'Ecclésiaste, et il veut désormais se résigner à attendre du Maître souverain de toutes choses ce qu'il s'est jusqu'ici inutilement fatigué à chercher par ses propres efforts. Pourquoi, au lieu de se lamenter et de s'entêter dans la recherche d'un but qu'on se propose de son chef, ne pas vivre au jour le jour, jouissant, à l'occasion, des biens qu'il plaît à Dieu de mettre à notre portée et adaptant d'instant en instant notre faire aux signes de sa main ? Comparez avec le Psaume 127.

Verset 26

Dieu est le seul distributeur du bonheur ; mais il le donne et ne se le laisse pas arracher. Et il le donne à qui il lui plaît.
Mais au pécheur... Le pécheur est opposé à l'homme qui plaît à Dieu. L'Ecclésiaste ne veut pas qu'on puisse l'accuser de fatalisme. Qui dit bonheur, dit en général vertu.
Ceci aussi est vanité. Ces mots se rattachent, par dessus le début du verset 26, aux versets 24 et 25. Ce serait se condamner à une poursuite stérile que de compter, pour se procurer le bonheur, sur ses propres forces.

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