C'est dans le cadre d'un convent de l'Académie québécoise de 'pataphysique,
dont je suis membre au titre d'Héliacadème de la Chaire des virtualités spatiales,
qu'un ami pataphysicien a partagé ce vibrant poème avec nous.
Voici ce que la fille de l'auteur, Louise Rioux, mentionne :
"À propos du texte, il faudrait peut-être indiquer que mon père n'a pas pondu seul ce poème, ils étaient un petit groupe de trois ou quatre. Elle pourrait peut-être indiquer que ce poème a été composé en réponse à un professeur qui avait mis à la porte de l'étude un élève qui s'était permis de se laisser aller pendant l'étude"
Il mérite de circuler, je n'ai jamais rien lu de pareil sur le vent ; lisez-le avec attention :
LES ZÉPHYRS
dont je suis membre au titre d'Héliacadème de la Chaire des virtualités spatiales,
qu'un ami pataphysicien a partagé ce vibrant poème avec nous.
Voici ce que la fille de l'auteur, Louise Rioux, mentionne :
"À propos du texte, il faudrait peut-être indiquer que mon père n'a pas pondu seul ce poème, ils étaient un petit groupe de trois ou quatre. Elle pourrait peut-être indiquer que ce poème a été composé en réponse à un professeur qui avait mis à la porte de l'étude un élève qui s'était permis de se laisser aller pendant l'étude"
Il mérite de circuler, je n'ai jamais rien lu de pareil sur le vent ; lisez-le avec attention :
LES ZÉPHYRS
(Arthur Rioux, né à Mont-Joli (dans l’Estuaire) en 1908,
a rédigé son ode aux zéphyrs vers 1926 ou 1927, au cours de ses études au Séminaire de Rimouski (1923-1930).
Il devait être en versification ou en rhétorique.
Agronome réputé à Rimouski, il est décédé en 1963.)
Pour le bien des humains j'aurai fait quelque chose
Des vents que l'on proscrit je viens plaider la cause.
Pour chanter leurs attraits autant que je les sens
Muse des avocats, prête-moi tes accents.
Jadis on respectait les lois de la nature
La politesse alors n'était pas la torture.
Que les temps sont changés, au son le plus menu
Ce n'est partout qu'un cri: malhonnête, incongru
Comme si on disait incongru malhonnête
Pour laisser de son corps échapper la tempête
Comme si l'on devait aux siècles à venir
Garder ce que dès lors on ne peut plus tenir
Comme si pour flatter la mollesse publique
On devait dès maintenant se donner la colique
Comme si l'on outrageait la nature des dieux
Pour faire au salon ce qu'ils font bien aux cieux.
Car enfin nous savons de source bien certaine
Que Junon d'un seul pet déracinait un chêne.
Que Jupin son époux, quand il en eut assez
De voir les Titans monts sur monts entassés,
D'un coup retentissant fit crouler l'édifice.
Un autre jour, guidés par une main novice,
Les cousins du Soleil prenant le mors aux dents,
(C'est toujours les cochers qui font les accidents)
Jupin pointe sa pièce et le cocher culbute
Dans le Pô qui résonne de sa mortelle chute.
Vouloir des pets divins égaler la puissance,
Sans doute ce serait à nous grande imprudence.
Mais nous pouvons tirer des nôtres des effets
Dont nous devons pourtant nous montrer satisfaits.
Malheur à qui des vents méconnaît l'harmonie
Leurs sens sont variés, leurs ressources infinies.
Car le ciel a voulu qu'en tout lieu tout moment
Tout mortel avec lui portât son instrument.
Que chacun put jouer sans avoir à l'apprendre
Son timbre tour à tour s'élève fier et tendre
Et son expression change du tout au tout
Selon que l'on précipite ou retienne le coup
Suivant que l'on dilate ou resserre l'embouchure
Il éclate tantôt plein de désinvolture
Se prolonge tantôt comme un baiser d'amour...
Aux charmes d'un beau soir il prête son concours.
Quand le zéphyr soupire dans la plaine
J'aime à grossir sa voix de sa bruyante haleine.
Et quand le rossignol gazouille sa chanson
Il fait le soprano, moi je fais le basson.
Bref, il n'est rien dans le pet qui ne soit aimable
Si ce n'est son parfum, mais que diable,
Faudrait-il pour cela le faire taire, erreur,
En supprimant le bruit supprime-t-on l'odeur?
Au pet franc et loyal préfère-t-on la vesse?
La vesse qui se glisse en rampant, la traîtresse
Et parvient jusqu'au nez sans défense, surpris
Avant que le mouchoir ne lui offre son abri.
Le dire est maladroit, le faire est hypocrite
Mais puisque la nature à péter nous invite,
Ne lui résistons pas, pétons quand il le faut
Gardons-nous d'en rougir et faisons-le tout haut.
Vents légers reprenez votre course féconde
Dilatez librement les entrailles du monde
Que si trop délicats on blâme vos odeurs
Est-ce en vain qu'ici-bas on a des parfumeurs?
Pour moi, j'entends passer en bravant l'étiquette
Me servant au besoin de ma bonne trompette
Ayant vécu sans gêne et lâché sans remord
Jusqu'à mon dernier pet j'irai chez les morts.
Même j'en garderai peut-être un pour la route
Un monsieur s'en allait comme j'irai sans doute
Dormir près des dieux son dernier sommeil.
Soudain on entendit un long et surprenant appel
Un bruit sourd, étouffé s'échapper de la bière
À l'heure où l'on touchait au seuil du cimetière.
On ouvrit et trouva le mort ressuscité
Que fut-il advenu s'il n'avait pas pété?