Friday, 26 October 2012

Un policier accusé d'avoir voulu enlever des femmes pour les manger

Publié le 25 octobre 2012 à 16h07

Associated Press
New York

Un policier de New York a été accusé jeudi d'avoir voulu enlever, violer, torturer et tuer des femmes repérées sur Internet dans l'intention de les faire cuire et de manger des parties de leur corps.


Le policier Gilberto Valle, âgé de 28 ans, a été arrêté mercredi. Selon l'acte d'accusation, il menait une double vie et aurait envoyé plusieurs courriels et messages sur Internet à propos de son projet morbide.

Le FBI affirme avoir intercepté des courriels échangés entre le suspect et un complice non identifié «qui parlent de projets pour enlever, violer, torturer, tuer, cuire et manger des parties du corps de plusieurs femmes».

«Je pensais fixer des parties de son corps sur un dispositif (...) la faire cuire à feu doux, la garder en vie le plus longtemps possible», aurait écrit Gilberto Valle dans un courriel daté de juillet.

Dans d'autres conversations électroniques, M. Valle s'interrogeait de la façon dont faire entrer le corps d'une femme dans un four, remarquant que ses jambes devraient être pliées.

Il a également mentionné pouvoir fabriquer du chloroforme à la maison pour assommer ses victimes et a discuté comme une femme paraissait «appétissante».

«Ses jours sont comptés», avait-il écrit, toujours selon l'acte d'accusation.

D'après les éléments retrouvés dans son ordinateur, il avait répertorié au moins 100 femmes, inscrivant leur nom, leur âge et joignant des photos. Selon l'acte d'accusation, il affirmait connaître plusieurs d'entre elles, mais Gilberto Valle n'aurait pas fait de victime.

Certaines des informations avaient été obtenues en faisant un usage non-autorisé de banques de données policières.

Une des femmes visées a indiqué au FBI qu'elle connaissait M. Valle et qu'elle avait dîné avec lui en juillet, sans plus.

«Les accusations contenues dans cette plainte n'ont pas besoin d'être décrites plus précisément. Elles parlent d'elles-mêmes», a commenté la responsable du FBI à New York, Mary Galligan, dans un communiqué. «Ce serait un euphémisme de dire que les paroles et les actes de Valle sont choquants.»

En février, M. Valle aurait négocié la somme de 5000 $US pour kidnapper une femme. Il avait dit à l'acheteur qu'il aspirait devenir un kidnappeur professionnel.

«Je préférerais ne pas être impliqué dans le viol...je ne voudrais pas être tenté la prochaine fois que j'enlève une fille», aurait-il écrit à l'acheteur, toujours selon l'acte d'accusation.

C'est la femme du policier, de qui il était séparé, qui a alerté les autorités après avoir détecté ses troublantes activités sur Internet.

La page Facebook du policier présentait un tout autre visage. Elle comportait des photos de sa femme, souriante, d'une petite fille et d'un chiot. M. Valle disait respecter ses collègues et sa photo de profil était une ligne bleue, symbole d'hommage à un policier décédé en service.

Un hôtel thaïlandais offre un café issu de crotte d'éléphant

Publié le 25 octobre 2012 à 12h00

Agence France-Presse
Bangkok, Thaïlande

Pour ceux qui aiment le café corsé, la Thaïlande est sans doute devenu le bon endroit: une chaîne hôtelière de luxe propose un café récolté dans les excréments d'éléphants.

Le café, baptisé Ivoire Noire, est fait à partir de grains ingérés puis digérés par les pachydermes.

Mais compte-tenu de la lenteur et de la complexité du procédé, il faut tout de même compter 1100 $ au kilo ou 25 $ la tasse, pour un café «raffiné naturellement» et proposé par les hôtels Anantara. Ce qui en fait un des plus chers du monde.

«La recherche montre que pendant la digestion, les enzymes de l'éléphant réduisent les protéines», a expliqué le groupe basé en Thaïlande. «Les protéines étant l'un des principaux facteurs responsables de l'amertume du café, moins de protéine signifie moins d'amertume».

Les grains sont récoltés à la main par les mahouts - les maîtres des éléphants - et séchés au soleil. Le procédé est mis en oeuvre dans le centre de secours pour pachydermes qui jouxte un de ses établissements du nord du pays.

La méthode n'est pourtant pas nouvelle: elle est déjà utilisée avec un animal beaucoup plus petit, la civette, qui vit aux Philippines, au Vietnam et en Indonésie. Un café de New York le propose pour la somme modique de 748 $ le kilo.

La chaîne ne précise pas combien de kilos de crotte sont nécessaires pour faire un bon expresso.

Tuesday, 16 October 2012

Pauline Marois, première femme à la tête du Québec

Mise à jour le mardi 4 septembre 2012

Radio-Canada


Pauline Marois est une femme d'expérience. Une politicienne aguerrie qui a traversé les trois dernières décennies dans des postes-clés au gouvernement et dans l'opposition, toujours pour le Parti québécois. Une femme résiliente aux fortes convictions qui a su naviguer contre vents et marées dans un monde d'hommes. Retour sur une carrière hors de l'ordinaire.

Les premières armes

Derrière son air parfois jugé distant, qui lui a valu bien des critiques au cours de sa carrière, Pauline Marois a des origines plutôt modestes. Née en mars 1949 à Québec, d'un père mécanicien et d'une mère enseignante, elle obtient un baccalauréat en service social à l'Université Laval en 1971 et commence sa carrière dans des organismes communautaires en Outaouais.

Elle poursuit ensuite ses études dans la métropole québécoise, où elle décroche une maîtrise en administration des affaires (MBA) à l'Université de Montréal. C'est là qu'elle fait la connaissance de Jacques Parizeau, qui l'engage comme attachée de presse.

Elle décide de devenir candidate péquiste en 1981, alors qu'elle est directrice de cabinet de la ministre d'État à la Condition féminine, Lise Payette.

En avril 1981, Pauline Marois est élue dans La Peltrie, une circonscription de la région de Québec. Elle entreprend son ascension fulgurante au sein du gouvernement et du Parti québécois. Dès ce premier mandat, René Lévesque lui confie successivement les rênes du ministère de la Condition féminine, avant de la nommer vice-présidente du Conseil du Trésor et ministre de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu.

Aux élections de décembre 1985, le Parti québécois perd le pouvoir, et Pauline Marois est battue dans La Peltrie.

Les leviers du pouvoir

À l'élection de 1989, Pauline Marois se retrouve dans l'opposition, où elle pilote successivement les dossiers des affaires sociales, de l'économie, du travail, de l'industrie et du commerce, du Conseil du Trésor et de l'environnement.

En 1994, le Parti québécois reprend le pouvoir, qu'il conservera à l'élection de 1998. Dans les gouvernements de Jacques Parizeau, de Lucien Bouchard et de Bernard Landry, Pauline Marois prend les commandes des ministères les plus importants, dont la Santé et l'Éducation. Dans le mandat de 1994, elle occupera au moins cinq ministères différents.

Lorsqu'il devient premier ministre, en 2001, Bernard Landry confie à Pauline Marois d'importantes responsabilités, dont le poste de vice-première ministre.

Presque toute la sphère économique de l'État québécois est entre les mains de Pauline Marois en 2002. Elle cumule les fonctions de ministres des Finances, de l'Industrie, du Commerce, de l'Économie sociale, de la Recherche, Science et Technologie.

En avril 2003, Pauline Marois retourne dans l'opposition, à la suite de l'élection des libéraux de Jean Charest.

Ambition : première ministre

Pauline Marois a manifesté son ambition de diriger le Parti québécois quatre ans après avoir été élue pour la première fois. Lorsque René Lévesque démissionne de la direction du parti, en juin 1985, elle n'hésite pas à se présenter pour prendre sa succession. Elle arrive deuxième derrière Pierre Marc Johnson.

L'occasion se présente à nouveau en janvier 2001, lorsque le premier ministre Lucien Bouchard démissionne. Pauline Marois songe brièvement à se présenter à sa succession, mais Bernard Landry obtient la majorité des appuis, y compris celui de François Legault, à qui elle avait proposé une alliance.

Mme Marois se rallie au nouveau chef, avec qui elle dit avoir développé une complicité exceptionnelle. Bernard Landry lui confie d'importantes responsabilités au sein de son gouvernement.

En avril 2003, les péquistes sont battus par les libéraux de Jean Charest. Des rumeurs circulent alors sur l'éventuelle démission de Bernard Landry. Mais le chef décide de rester en place jusqu'au congrès du parti, en juin 2005, où les militants devront décider s'ils continuent de lui accorder leur confiance.

Le 5 juin 2005, au lendemain de la démission-surprise de Bernard Landry, Pauline Marois annonce qu'elle est candidate à sa succession. Mais elle perd cette nouvelle occasion de devenir chef du PQ, terminant loin derrière le favori, André Boisclair.

Quelques mois plus tard, le 20 mars 2006, Pauline Marois quitte la politique active, sentant le besoin de se ressourcer après être allée au bout de son chemin. « Le coeur n'y est plus, dit-elle, la passion ne m'habite plus pour faire le travail de député ».

Lors de l'annonce de son retrait de la vie politique, le premier ministre Jean Charest rend hommage à Pauline Marois.

« Vous avez connu une carrière exceptionnelle. Et il y a peu de femmes au Québec qui en auront fait autant que vous pour ouvrir la porte aux autres femmes afin qu'elles puissent contribuer à leur juste valeur et à la hauteur de leurs talents. »
— Jean Charest

« Je ne connais aucun autre parlementaire qui a occupé à la fois les fonctions de ministre des Finances, vice-première ministre, ministre de l'Éducation, ministre de la Santé, présidente du Conseil du trésor. Un jour, sait-on jamais, peut-être qu'un homme fera la même chose. Permettez-moi d'en douter » a-t-il ajouté devant les parlementaires.

Elle se laissera convaincre de revenir en politique après la sévère défaite infligée au Parti québécois lors des élections de mars 2007, suivies par la démission d'André Boisclair et par la décision de Gilles Duceppe, alors chef du Bloc québécois, de ne pas se porter candidat.

Pauline Marois est couronnée chef du Parti québécois, sans opposition, le 27 juin 2007, puis élue députée de Charlevoix l'automne suivant. Elle devient chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, à la suite de l'élection générale de 2008.


La carrière de Pauline Marois en bref

  • Attachée de presse de Jacques Parizeau, alors ministre des Finances (1978-1979)
  • Chef de cabinet de Lise Payette, alors ministre d'État à la Condition féminine (1979)
  • Elle dirige de nombreux ministères, dont l'Éducation, la Santé et les Finances, lorsqu'elle est députée de La Peltrie (1981-1985) puis députée de Taillon (1989-2006)
  • Elle suspend sa carrière politique en 2006-2007
  • Chef du PQ depuis 2007








Botswana: les femmes auront le droit d'hériter

Publié le 12 octobre 2012 à 10h26

Agence France-Presse
Gaborone, Botswana

La Cour constitutionnelle du Botswana a rendu un arrêt très attendu vendredi, qui donne à toutes les femmes du pays le droit d'hériter en invalidant des lois tribales qui réservaient l'héritage aux hommes.

« Il me semble que le temps est désormais venu pour les juges de cette cour de jouer le rôle de sages-femmes de la justice pour présider à la naissance d'un nouveau monde qui cherche à émerger », a déclaré le juge Key Dingake en annonçant la décision de la Cour.

Les juges ont estimé contraire à la Constitution une loi traditionnelle, donnant au premier-né mâle d'une famille le droit d'hériter de la maison familiale. La Loi fondamentale du Botswana garantit en effet l'égalité des sexes.

La Cour était saisie du cas de trois soeurs âgées de plus de 65 ans, dont la maison familiale était revendiquée par un neveu, arguant de la loi tribale accordant l'héritage aux hommes.

« C'est un pas important pour les droits des femmes, non seulement au Botswana, mais dans toute l'Afrique australe, où plusieurs pays sont confrontés à des lois discriminatoires semblables », a déclaré Priti Patel, vice-directrice d'une association de juristes d'Afrique australe (Southern Africa Litigation Center).

Saturday, 13 October 2012

La jeune fille qui défiait les talibans

RIAZ KHAN
Associated Press
Peshawar, Pakistan

Publié le 11 octobre 2012

Mardi, dans la vallée pakistanaise de Swat, un barbu s'est approché d'un groupe de filles qui s'apprêtaient à monter à bord de leur autobus scolaire et leur a demandé d'identifier Malala Yousufzai. Puis, l'homme a tiré une balle dans la tête de l'adolescente de 14 ans. Les talibans ont fièrement revendiqué l'attentat contre l'écolière, qui défiait avec un courage hors du commun les diktats des anciens maîtres de la vallée. Aujourd'hui, les Pakistanais sont horrifiés - mais soulagés d'apprendre que leur jeune héroïne survivra.


Malala Yousufzai, adolescente pakistanaise attaquée par des talibans parce qu'elle milite pour l'éducation des filles, a été jugée hors de danger hier après l'extraction d'une balle logée dans sa nuque.

Des manifestations ont été organisées et de nombreuses écoles de la vallée de Swat ont fermé en signe de soutien à la jeune victime, dont le sort indigne tout le pays.

«Elle va mieux, mais elle est toujours inconsciente», a déclaré le ministre de l'Information de la province de Khyber Pakhtunkhwa, Mian Iftikhar Hussain. L'opération, réalisée par une équipe de chirurgiens civils et militaires à l'hôpital militaire de Peshawar, où la patiente a été transférée après l'agression de mardi, a duré plusieurs heures en raison de complications, mais la jeune fille semble désormais sauvée, a-t-il dit.



Malala Yousufzai, âgée de 14 ans, a été attaquée mardi à Mingora au moment où elle rentrait de l'école dirigée par son père Ziauddin, qui milite aussi pour l'éducation des filles. Un homme est monté dans son autobus scolaire et lui a tiré une balle dans la tête et une autre dans la nuque. Il a également blessé une autre écolière.«Il s'agissait d'un nouveau chapitre obscène et nous devions achever ce chapitre», a déclaré Ahsanullah Ahsan, porte-parole des talibans, dans une revendication par téléphone.



Malala Yousufzai est connue au Pakistan et au-delà pour avoir dénoncé les atrocités des fondamentalistes armés et défendu l'enseignement pour les filles contre les extrémistes religieux.

Le chef d'état-major de l'armée, le général Ashfaq Parvez Kayani, s'est rendu à l'hôpital pour s'enquérir de sa santé, a annoncé l'armée.

« Un symbole de courage »

«En attaquant Malala, les terroristes n'ont pas compris qu'elle était non seulement une personne, mais aussi un symbole de courage et d'espoir qui justifie les immenses sacrifices que la population de Swat et la nation ont consentis pour arracher la vallée au fléau du terrorisme», a déclaré le général Kayani dans un communiqué. Il a par ailleurs promis que l'armée ne se soumettrait pas aux terroristes: «Nous nous battrons, quel que soit le prix à payer.»Le ton déterminé du communiqué de l'armée, exceptionnel, montre à quel point l'agression de la jeune fille a touché les Pakistanais sans distinction de religion, d'origine ou de convictions politiques.



«Cette attaque ne peut pas nous effrayer, ni nous ni la courageuse Malala. Cet acte lâche ne peut pas dissuader Malala de poursuivre ses efforts», a affirmé Azizul Hasan, cousin de la victime.

Le premier ministre pakistanais Raja Pervaiz Ashraf a condamné l'attaque contre celle qu'il a désignée comme une fille du Pakistan. La communauté internationale a également condamné très fermement un acte qualifié de «lâche».

Au Pakistan, l'histoire de l'adolescente militante a fait la une de la plupart des journaux et la vidéo de son transport à l'hôpital ainsi que des images de ses apparitions en public par le passé tournaient en boucle sur les chaînes de télévision.

La belle vallée de Swat, surnommée la Suisse du Pakistan, était une destination touristique appréciée des Pakistanais qui y passaient parfois leur lune de miel jusqu'à l'arrivée des talibans, en 2007.

Ces extrémistes musulmans ont détruit environ 200 écoles, pour la plupart des établissements accueillant des filles.

Située à 280 km de la capitale, la vallée s'est trouvée sous le contrôle quasi exclusif des talibans jusqu'à leur défaite devant l'armée pakistanaise, il y a trois ans.

Mais l'attaque de mardi montre que l'insurrection n'a pas été éradiquée.Quelques repères



- Décembre 2007

Des rebelles talibans prennent le contrôle de la vallée de Swat. Ils imposent leurs règles strictes, dont l'interdiction aux filles de fréquenter l'école.

- Janvier 2009

Malala Yousufzai, 11 ans, commence à écrire un blogue en ourdou pour la BBC. Elle y raconte sa vie dans la vallée de Swat et y confie son désir ardent d'être scolarisée.

- Mai 2009Le gouvernement déploie des dizaines de milliers de soldats dans la vallée. Au terme de la bataille, en juillet 2009, l'État reprend le contrôle du territoire. Mais la population craint toujours le retour des talibans.



- Décembre 2011

Malala Yousufzai gagne le prix national pour la Paix du gouvernement du Pakistan. Dans le monde entier, on applaudit le courage de l'adolescente, qui défie ouvertement les talibans.

- Printemps 2012

Les talibans placent Malala Yousufzai sur leur liste de personnes à assassiner.

- 9 octobre 2012

La jeune fille est victime d'une tentative d'assassinat à sa sortie de l'école. Les talibans revendiquent l'attaque, et déclarent qu'elle l'avait bien cherché.Des extraits de son blogue



3 JANVIER 2009

« J'ai fait un rêve terrible hier, avec des hélicoptères de l'armée et des talibans. Je fais des rêves comme ça depuis le déclenchement de l'opération militaire dans la vallée de Swat. Ma mère m'a préparé le petit-déjeuner et je suis partie pour l'école. J'avais peur parce que les talibans ont publié un décret interdisant aux filles d'aller à l'école.

Seulement 11 élèves sur 27 étaient présentes. Le nombre a diminué à cause du décret des talibans. Mes trois amies sont parties à Peshawar, Lahore et Rawalpindi avec leurs familles, après le décret.

En rentrant à la maison, j'ai entendu un homme dire: « Je vais te tuer. » J'ai accéléré le pas et après un moment, je me suis retournée pour voir si l'homme était toujours derrière moi. À mon grand soulagement, il parlait sur son cellulaire et devait menacer quelqu'un d'autre au téléphone. »

5 JANVIER 2009

« Je me préparais pour l'école et j'allais mettre mon uniforme quand je me suis rappelé que notre directeur nous a dit de ne pas mettre les uniformes et de venir à l'école avec nos vêtements habituels. Alors j'ai décidé de mettre ma robe rose favorite. Les autres filles ont aussi mis des robes colorées, et l'école avait des airs de maison. Mon amie est venue me voir et m'a demandé: « Pour l'amour de Dieu, réponds-moi franchement, est-ce que notre école sera attaquée par les talibans? »

Pendant le rassemblement du matin, on nous a dit de ne plus porter de vêtements de couleur parce que les talibans s'y opposeraient. »

15 JANVIER 2009

« La nuit était remplie de bruits d'artillerie et je me suis réveillée trois fois. Mais comme il n'y avait pas d'école, je me suis levée plus tard, à 10 h. Après mon amie est venue et on a parlé de nos devoirs. Aujourd'hui est le 15 janvier, le dernier jour avant l'entrée en vigueur du décret des talibans. Pourtant, mon amie parlait de ses devoirs comme si de rien n'était. »

8 FÉVRIER 2009

« J'ai eu de la peine en ouvrant mon placard et en voyant mon uniforme scolaire, mon sac d'école et ma boîte de géométrie. Les écoles pour garçons ouvrent demain. Mais les talibans ont interdit l'éducation des filles.

Des souvenirs d'école me sont revenus, surtout les disputes entre les filles. »

12 FÉVRIER 2009

« Il y a eu beaucoup de tirs d'artillerie cette nuit. Mes deux frères dormaient, mais moi, je n'y arrivais pas. Je me suis couchée avec mon père, puis j'ai rejoint ma mère, mais je ne pouvais pas dormir.

[...] Avant que les talibans n'imposent des restrictions sur le câble, j'avais l'habitude de regarder la chaîne Star Plus et mon émission préférée était Raja Kee Aye Gee Barat (Le garçon de mes rêves viendra m'épouser).

Aujourd'hui on est jeudi, et j'ai peur parce que les gens disent que la plupart des attaques suicide ont lieu le vendredi matin ou le vendredi soir.»

- Avec Isabelle Hachey

Malala: la police arrête des suspects






Prière en hommage à Malala à Karachi.
PHOTO ASIF HASSAN, AFP

SHERIN ZADA
Associated Press
Mingora, Pakistan

Publié le 12 octobre 2012 à 17h07

Plusieurs suspects ont été arrêtés à la suite de la tentative de meurtre dont a été victime la jeune Pakistanaise qui défend l'enseignement pour les filles et combat les extrémistes religieux, a annoncé vendredi la police de Mingora.

Malala Yousufzai, âgée de 14 ans, a été attaquée mardi par des talibans à Mingora, dans la vallée de Swat, alors qu'elle rentrait de l'école dirigée par son père, lui aussi un militant pour l'éducation des filles. Un homme est monté dans l'autobus scolaire et lui a tiré une balle dans la tête et une autre dans la nuque, blessant également deux autres écolières.

Les individus qui auraient organisé l'attaque ne font pas partie des suspects arrêtés, a toutefois précisé le ministre de l'Intérieur, Rehman Malik.

L'adolescente pakistanaise se trouvait dans un état satisfaisant, vendredi, mais elle reste maintenue dans un coma artificiel et sous respirateur, selon l'armée.

Les prochains jours seront déterminants dans l'évolution de son état de santé. «Sa tension artérielle est normale. Son rythme cardiaque est normal, et, grâce à Dieu, son état est satisfaisant», a déclaré le porte-parole de l'armée, le général Asim Saleem Bajwa.

Il a confirmé que l'adolescente avait été atteinte d'une balle dans la tête, mais il est encore trop tôt pour déterminer si cela aura des conséquences graves sur son cerveau.

L'adolescente avait été transférée jeudi vers un hôpital de Rawalpindi, ville jumelle d'Islamabad, la capitale. Deux médecins étrangers ont été sollicités. Le premier ministre pakistanais, Raja Pervaiz Ashraf, lui a rendu visiteL'attaque a horrifié les Pakistanais et la communauté internationale. Des manifestations ont eu lieu mercredi dans plusieurs villes du pays et des écoles ont fermé pour dénoncer l'attaque contre Malala.

Les talibans ont revendiqué la tentative de meurtre, en accusant Malala Yousufzai de promouvoir la mentalité occidentale. Selon un porte-parole des talibans, la décision de tuer la jeune fille avait été prise et planifiée il y a deux mois, après de nombreuses menaces formulées contre sa famille.

L'établissement scolaire que fréquente l'adolescente a rouvert vendredi dans une ambiance plutôt sombre. Des policiers avaient été mobilisés autour de l'école, mais de nombreux élèves ont préféré rester à la maison.

«Nous avons décidé d'ouvrir l'école après deux jours pour surmonter la peur qui a saisi les élèves après cette attaque», a expliqué l'un des enseignants, Zafar Ali Khan. «Le nombre d'élèves est faible aujourd'hui. Nous n'avons pas repris les cours, mais organisé un rassemblement pour prier pour Malala et les deux autres filles blessées.»

Malala Yousufzai est connue au Pakistan et dans le monde pour avoir dénoncé les atrocités commises par les talibans et pour sa défense du droit à l'éducation pour les filles.

L'an dernier, Malala a été sélectionnée pour le Prix international de la paix pour les enfants décerné par l'organisation néerlandaise KidsRights. Elle a reçu l'une des récompenses les plus prestigieuses du Pakistan pour son courage.